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Page:Féval - La Rue de Jérusalem, 1868.djvu/65

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Dans la nuit, il avait cru voir une ombre se glisser entre la porte et lui. Au moment où il se retournait, il reçut par-derrière un coup de couteau dans la région du cœur.

Il poussa un cri faible et tomba foudroyé.

— Ah çà ! dit une grosse voix, qu’est-ce qu’il raconte avec son petit frère, sa mère et ses embrassades ! Allume, Landerneau, qu’on voie ce qu’on a fait.

Une autre voix demanda :

— As-tu des phosphoriques, Coterie ?

Une allumette frémit et prit feu, éclairant un réduit rond, très bas d’étage et percé de deux fenêtres. La tradition affirme que c’est à l’une des croisées de ce réduit que les paysans virent pendre, un matin d’octobre, en l’an 1655 la tête chauve du lieutenant criminel Tardieu, assassiné avec sa femme, la nuit précédente. Ils étaient morts tous deux par avarice, et faute d’avoir voulu nourrir un chien ou un valet.

À droite de la fenêtre qui regardait le sud-ouest, un trou considérable s’ouvrait, pratiqué dans la maçonnerie même de la tour, et encore entouré de ses déblais.

Auprès du monceau de pierres cassées et de plâtras, il y avait un fort pic de mineur, plus une auge à plâtre, des sacs de chaux, un seau d’eau et une truelle.

Sur l’appui même de la croisée, un panneau de boiserie désarticulé avec soin et enlevé de la place où était le trou, semblait attendre qu’on le posât de nouveau en son lieu.

Près de la porte, quatre hommes étaient groupés : trois debout, le quatrième étendu sans mouvement sur le carreau.

Nous eussions reconnu du premier coup d’œil à la pesante vigueur de sa carrure, ce-