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Page:Féval - La Tache Rouge, volume 1 - 1870.djvu/27

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LA TACHE ROUGE

ment de prendre une Française pour une Anglaise, une Autrichienne pour une Russe.

Le portrait de la jeune fille rappelait ces blonds pastels que nous a laissés le siècle de Louis XV, tout en trahissant ce je ne sais quoi, cette grâce teintée de paresse et de hardiesse qui passe pour être l’apanage des créoles.

— Est-elle assez belle ! murmurait maman Marquis en approchant le carton de ses lèvres avec la tendresse d’une dévote baisant un médaillon bénit.

— Eh bien ! demanda la Bastien qui s’était deux fois « consolée, » avons-nous lu la jolie petite lettre de notre Angèle ?

Elle s’interrompit pour essuyer ses grosses lèvres qui riaient.

— Ma parole, fit-elle, nous en sommes encore au portrait… eh bien ! maman, je vais vous dire la fin de la lettre, car je ne voudrais pas faire attendre M. Polydore. La petite me marque donc qu’on a idée de la marier.

— La marier ! répéta maman Marquis avec épouvante, elle n’a que seize ans !

— C’est comme ça. Moi, je n’ai pas voix au chapitre, vous pensez bien…

Elle s’interrompit au moment où elle repassait le seuil du débit et s’écria :