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Page:Féval - La Vampire.djvu/221

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LA VAMPIRE

à la Conciergerie, un homme parut au milieu des agents qui formaient le noyau de la foule immense rassemblée au carrefour de Buci.

— Voilà comme je mène les choses ! dit cet homme, qui se frottait les mains de tout son cœur.

— Tiens ! fit Charleroy, on ne vous a pas vu pendant l’affaire, monsieur Barbadoux !

— Je crois bien, dit Berthellemot en fendant la presse, il n’y était pas ! Il n’y avait que moi !… Mes enfants, je suis content de vous. Nous avons fait là un joli travail. Tout était combiné à tête reposée, j’avais pris des notes, parole mignonne !

M Berthellemot était en train de faire craquer un peu les phalanges de ses doigts, quand un autre organe plus majestueux prononça ces mots :

— Rien ne m’échappe. Il fallait ici l’œil du maître. Je suis venu au péril de ma vie.

— Monsieur le préfet !… balbutia le secrétaire général.

Ces deux fonctionnaires, en vérité, semblaient être sortis de terre.

— Pendant qu’ils se regardaient, le secrétaire général penaud et jaloux, le préfet triomphant, un troisième dieu, sortant de la machine, passa entre eux et fit la roue.

— Mes chers messieurs, dit le grand juge Régnier avec bonté j’avais pris toutes les mesures. Je vous remercie de n’avoir pas jeté de bâtons dans mes roues. Je vais aux Tuileries faire mon rapport au premier consul… Eh ! eh ! mes bons amis, il faut du coup d’œil pour remplir une place comme la mienne !

Quand Régnier, futur duc de Massa, entra au château, il rencontra dans l’antichambre Fouché, futur duc d’Otrante, qui le salua poliment et lui dit :

— Le premier consul sait tout, mon maître. Eh bien ! il m’a fallu mettre la main à la pâte : sans moi vous n’en sortiez pas !

XXVI

MAISON NEUVE

Paris fut en fièvre, ce jour-là, depuis le matin jusqu’au soir.

La nouvelle de l’arrestation de Georges Cadoudal courut