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Page:Féval - La Vampire.djvu/226

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LA VAMPIRE

Vers une heure et demie, un message de « la souveraine », comme on appelait la comtesse Marcian Gregoryi, arriva. Ce message ne contenait qu’une ligne :

« Vous êtes trahis. La fuite est impossible. Choisissez entre la trahison et la mort. »

Andréa Ceracchi donna l’ordre de déboucher le tonneau de poudre qui était à demeure dans la salle des séances.

On alla aux voix sur la question de savoir si, en cas de malheur, on se ferait sauter.

Les affiliés étaient au nombre de trente-trois. Il y eut unanimité pour l’affirmative.

Six frères furent dépêchés en éclaireurs au dehors.

Aucun moyen n’existe de savoir s’ils songèrent à leur sûreté plutôt qu’au salut général. Toujours est-il qu’aucun d’eux ne revint.

Au nombre de ces six éclaireurs se trouvait Osman, l’esclave de Mourad-Bey.

Un quart d’heure après leur départ, la maison était cernée.

Le gardien de la porte principale vint leur annoncer, deux heures sonnant, qu’il y avait dans le Marais plus de quatre cents hommes de troupe et de police.

Ceracchi monta à l’étage supérieur et reconnut l’exactitude du renseignement.

Ils avaient tous des armes. Ils auraient pu faire une défense Mais Ceracchi était plutôt un rêveur qu’un homme d’action.

En entrant, il dit :

— Mes frères, la main qui veut exécuter l’arrêt de Dieu doit être pure. Nos mains ne sont pas pures. Cette femme nous a entraînés dans son crime, et une voix crie au dedans de moi : C’est elle qui vous a trahis ! Sachons mourir en hommes !

Il alluma une mèche que l’Illyrien Donaï lui arracha des mains, répondant :

— Les hommes meurent en combattant !

Le bruit des crosses de fusil heurtant contre la porte d’entrée retentit en ce moment.

Deux ou trois parmi les conjurés proposèrent de fuir. Il n’était plus temps. Un coup de mousquet, tiré à l’extérieur, fit sauter la serrure de la porte principale, tandis qu’on attaquait avec la hache la porte de derrière.

Taïeh, le nègre, prit ce dernier poste avec cinq hommes résolus, tandis que les Allemands, menés par Donaï, se rangèrent en bataille devant l’entrée principale.

Les deux portes s’ouvrirent en même temps. Tous les fusils éclatèrent à la fois, au dehors et au dedans, puis une