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Page:Féval - La Vampire.djvu/63

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LA VAMPIRE

— Elle m’a jeté un sort !

La plaie froide pénétrait son vêtement léger ; il tremblait la fièvre. Il restait.

Naguère nous étions avec une pauvre enfant transie de froid jusqu’au cœur, qui, elle aussi, attendait interrogeant la façade muette d’une maison de Paris.

Mais notre Angèle, assise sur sa borne humide, devant les fenêtres du pavillon de Bretonvilliers, savait ce qu’elle voulait.

Elle venait chercher son arrêt.

René ne savait pas. Il n’y avait pas en ce moment une idée, une seule, dans le vide de sa cervelle. C’était un malade que ses veines brûlaient, tandis que le frisson serpentait sous sa peau.

Il s’assit dans l’herbe mouillée parmi les buissons qui le cachaient. La lune, dégagée de ses voiles, éclairait vivement la campagne.

Au loin le vent nocturne apporta les douze coups de minuit frappés au clocher de l’église Sainte-Marguerite.

En ce moment une étrange harmonie sembla sortir de terre C’était un de ces chants graves et régulièrement cadencés qui font reconnaître en toutes les parties du globe les émigrés de la patrie allemande.

René sortit du demi-sommeil qui engourdissait son corps et son intelligence. Il écouta croyant rêver.

Comme il quittait sa retraite pour se rapprocher de la maison et prêter l’oreille de plus près, un bruit de voiture arriva du faubourg Saint-Antoine.

Il se tapit de nouveau dans les buissons.

La voiture s’arrêta au coude du chemin. Un homme en descendit et vint frapper à la porte de la maison isolée.

— Qui êtes-vous ? demanda-t-on à l’intérieur et en latin.

Le nouveau venu répondit en latin également.

— Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, je suis un frère de la Vertu.

Et la porte s’ouvrit.

VII

L’AFFUT

La lune, momentanément dégagée de son voile de nuages, frappait en plein la porte de la maison solitaire. René put voir la personne qui ouvrait la porte en dedans.