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LE BOSSU.

— Le livre n’a pas bougé de là ! murmura-t-elle.

Si elle l’avait vu entre les mains de Madeleine, elle aurait cessé de croire au miracle.

Là elle crut à un miracle. — Sa riche taille se redressa de toute sa hauteur. L’éclair de ses yeux se ralluma. Elle fut belle comme aux jours de sa jeunesse.

Belle et fière, et forte !

Elle se mit à genoux devant le prie-Dieu.

Le livre ouvert était sous ses yeux. — Elle lut, pour la dixième fois, en marge du psaume, ces lignes tracées par une main inconnue, et faisant une sorte de réponse au premier verset qui dit :

« Ayez pitié de moi, Seigneur… »

L’écriture inconnue répondait :

« Dieu aura pitié, si vous avez foi… Ayez du courage pour défendre votre fille… Rendez vous au tribunal de famille, fussiez-vous malade et mourante… et souvenez-vous du signal convenu autrefois entre vous et Nevers ! »

— Sa devise !… balbutia Aurore de Caylus ; j’y suis.

— Mon enfant ! reprit-elle, les larmes aux yeux ; — ma fille !…

Puis avec éclat :

— Du courage !… pour la défendre… J’ai du courage… et je la défendrai !