pouvait répondre, et Gonzague, furieux, perdait la prudence.
Au milieu de sa face pâle, on voyait ses yeux brûlants et sanglants.
— Elle est là, poursuivit-il entre ses dents serrées ; toute prête à paraître… n’est-ce pas, madame ? vivante… Répondez !… vivante ?…
La princesse s’appuya d’une main au bras de son fauteuil. — Elle chancelait. — Elle eût donné dix ans de sa vie pour soulever cette draperie, derrière laquelle était l’oracle, muet désormais.
— Répondez ! répondez ! fit Gonzague.
Et les juges eux-mêmes répétaient :
— Madame, répondez !
Aurore de Caylus écoutait. Sa poitrine n’avait plus de souffle.
Oh ! que l’oracle tardait !
— Pitié !… murmura-t-elle enfin en se tournant à demi.
La draperie s’agita faiblement.
— Comment pourrait-elle répondre ? disaient cependant les affidés.
— Vivante ? fit Aurore de Caylus interrogeant l’oracle d’une voix brisée.
— Vivante ! lui fut-il enfin répondu.
Elle se redressa, radieuse, ivre de joie.
— Oui, vivante, vivante ! fit-elle avec éclat ;