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LE BOSSU.

Toute cette noble foule, qui naguère remplissait l’hémicycle, s’était écoulée. Le jour baissait rapidement. Gonzague, qui venait de reconduire les juges royaux, rentra comme la princesse allait sortir, entourée de ses femmes.

Sur un geste impérieux qu’il fit, elles s’écartèrent. Gonzague s’approcha de la princesse, et avec ses grands airs de courtoisie qu’il ne quittait jamais, il se pencha jusqu’à sa main pour la baiser.

— Madame, lui dit-il ensuite d’un ton léger, c’est donc la guerre déclarée entre nous ?

— Je n’ai garde d’attaquer, monsieur, répondit Aurore de Caylus ; je me défends.

— En tête à tête, reprit Gonzague qui avait peine à cacher sous sa froideur polie la rage qu’il avait dans le cœur, nous ne discuterons point, s’il vous plaît : je tiens à vous épargner cette inutile fatigue… Mais vous avez donc de mystérieux protecteurs, madame ?

— J’ai la bonté du ciel, monsieur, qui est l’appui des mères.

Gonzague eut un sourire.

— Giraud ! dit la princesse à sa suivante Madeleine, faites qu’on prépare ma litière !

— Y a-t-il donc office du soir à la paroisse Saint-Magloire ? demanda Gonzague étonné.