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Page:Féval - Le Bossu (1857) vol 1-3.djvu/469

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LE BOSSU.

ges disparaissaient complétement sous les larges bords de leurs feutres.

» Ceux-là n’étaient pas des bohémiens.

» Quand mon ami Henri cessa de lutter, je le crus mort. Je demandai à Dieu ardemment de mourir.

» Un des hommes à manteaux jeta une lourde bourse au milieu du cercle.

» — Finissez-en, et vous aurez le double ! dit-il.

» Je ne reconnus point la voix de cet homme.

» Le chef des bohémiens répondit :

» — Il faut le temps et la distance… douze heures et douze milles… la mort ne peut être donnée ni au même lieu ni le même jour que l’hospitalité.

» — Momeries que tout cela ! fit l’homme en haussant les épaules ; — en besogne ! ou laissez-nous faire !

» En même temps, il s’avança vers Henri gisant sur la terre. Le bohémien se mit au-devant de lui.

» — Tant que douze heures ne seront pas écoulées, prononça-t-il résolument, — tant que douze milles ne seront pas franchis, nous défendrons notre hôte, fût-ce contre le roi !

» Singulière foi ! étrange honneur ! Tous les gitanos se rangèrent autour d’Henri.