Page:Féval - Le Bossu (1857) vol 1-3.djvu/494

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
60
LE BOSSU.

» Il y en avait un qui avait dix-huit ans à peine, — un démon ! Il se nommait le marquis de Chaverny.

» On le disait frais et rose comme une jeune fille. Et l’air si doux ! De grands cheveux blonds sur un front blanc, une lèvre imberbe, des yeux espiègles comme ceux des jeunes filles !

» C’était le plus terrible de tous. Ce chérubin troublait tous les cœurs des senoritas de Madrid.

» Par les fentes de ma jalousie, moi, je voyais parfois, sous les ombrages de ce beau jardin d’Ossuna, un jeune gentilhomme à la mine élégante, à la tournure un peu efféminée, — mais ce ne pouvait être ce diablotin de Chaverny.

» Mon petit gentilhomme avait l’apparence si sage et si modeste.

» Il se promenait dès le matin. — Ce Chaverny, lui, devait se lever tard, après avoir passé la nuit à mal faire.

» Tantôt sur un banc, tantôt couché dans l’herbe, tantôt allant pensif et la tête inclinée, mon petit gentilhomme avait presque toujours un livre à la main. C’était un adolescent studieux.

» Et plus souvent, que ce Chaverny se fût ainsi embarrassé d’un livre !