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LE BOSSU.

autres ont une femme… les autres ont déjà une famille…

Aurore devint tout à coup sérieuse.

— Et vous n’avez rien de tout cela, l’interrompit-elle. Henri, mon ami, vous n’avez que moi !

Maître Louis ouvrit la bouche vivement, mais la parole s’arrêta entre ses lèvres. — Il baissa les yeux encore une fois.

— Vous n’avez que moi, répéta Aurore ; et que suis-je pour vous ?… Un obstacle au bonheur !

Il voulut l’arrêter, mais elle poursuivit :

— Savez-vous ce qu’ils disent ? Ils disent : Celle-là n’est ni sa fille, ni sa sœur, ni sa femme… Ils disent…

— Aurore, interrompit maître Louis à son tour, depuis dix-huit ans, vous avez été tout mon bonheur !

— Vous êtes généreux et je vous rends grâces…, murmura la jeune fille.

Ils restèrent un instant silencieux. L’embarras de maître Louis était visible. Ce fut Aurore qui rompit la première le silence.

— Henri, dit-elle, je ne sais rien de vos pensées ni de vos actions… et de quel droit vous ferais-je un reproche ?… Mais je suis toujours seule et toujours je pense à vous, mon