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LE BOSSU.

— Hélas ! oui, ma bonne… Il paraît que nous sommes un peu cousins de Sa Majesté !

— Mais comment ?…

— Ah ! comment ! comment ! s’écria dona Cruz quittant tout à coup ses grands airs pour en revenir à sa gaieté folle, qui lui allait bien mieux, voilà ce que je ne sais pas… on ne m’a pas encore fait l’honneur de m’apprendre ma généalogie… Quand j’interroge, on me dit : Chut !… Il paraît que j’ai des ennemis… toute grandeur, ma petite, appelle la jalousie… Je ne sais rien… cela m’est égal… je me laisse faire avec une tranquillité parfaite…

Aurore, qui semblait réfléchir depuis quelques minutes, l’interrompit tout à coup :

— Flor, si j’en savais plus long que toi sur ta propre histoire ?

— Ma foi, ma petite Aurore, cela ne m’étonnerait pas… Rien ne m’étonne plus… Mais si tu sais mon histoire, garde-la pour toi… mon tuteur doit me la dire cette nuit… en détail… mon tuteur et mon ami… M. le prince de Gonzague.

— Gonzague ? répéta Aurore en tressaillant.

— Qu’as-tu ? fit dona Cruz.

— Tu as dit Gonzague ?