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LE BOSSU.

Elle était toute sérieuse.

— Quelle folie ! s’écria Aurore.

— J’en ai vu, prononça gravement la gitanita ; — je veux en avoir le cœur net… Voyons ! souhaite quelque chose en pensant à lui.

Aurore se mit à rire ; — dona Cruz s’assit auprès d’elle.

— Pour me faire plaisir, ma petite Aurore, dit-elle avec caresse, — ce n’est pas bien difficile, voyons !

— Est-ce que tu parles sérieusement ? fit Aurore étonnée.

Dona Cruz mit sa bouche tout contre son oreille et murmura :

— J’aimais quelqu’un… j’étais folle… Un jour, il a posé sa main sur mon front en me disant : — Flor, celui-là ne peut pas t’aimer… J’ai été guérie… Tu vois bien qu’il est sorcier !

— Et celui que tu aimais, demanda Aurore toute pâle, — qui était-ce ?

La tête de dona Cruz se pencha sur son épaule ; elle ne répondit point.

— C’était lui ! s’écria Aurore avec une indicible terreur ; — je suis sûre que c’était lui !