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LE BOSSU.

Cocardasse, impitoyable, lui tendit un verre.

— Buvez pour vous remettre, dit-il, car vous n’avez pas l’air à votre aise… Buvez un coup… Non ?… Alors, tenez-vous en repos et laissez parler lou petit couquin de Normand, qui prêche mieux qu’un avocat en la grand’-chambre.

Frère Passepoil salua son chef de file avec reconnaissance, et reprit :

— On commençait à dire partout : « Voici ce pauvre jeune duc de Nevers qui s’en va… » La cour et la ville s’inquiétaient… C’est une si noble maison que ces Lorraine !… Le roi s’informa de ses nouvelles… Mais Philippe, duc de Chartres, était inconsolable…

— Un homme plus inconsolable encore, interrompit Peyrolles, qui réussit à prendre un accent pénétré, c’était Philippe, prince de Gonzague !

— Dieu me garde de vous contredire ! fit Passepoil, dont l’aménité inaltérable devrait servir d’exemple à tous les gens qui discutent. Je crois bien que le prince Philippe de Gonzague avait beaucoup de chagrin… la preuve, c’est qu’il venait tous les soirs chez maître Garba… tous les soirs, déguisé en homme de livrée… et qu’il lui répétait toujours d’un air