Page:Féval - Le Bossu (1857) vol 1-3.djvu/72

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
66
LE BOSSU.

Son Altesse emmenait Nevers dans ses apanages ! Comme maître Garba n’y était point, Nevers y fut bien. De là, cherchant le soleil, la chaleur, la vie, il passa la Méditerranée et gagna le royaume de Naples. Philippe de Gonzague vint trouver mon bon maître, et le chargea d’aller faire un tour de ce côté. J’étais à préparer ses bagages lorsque, malheureusement, une nuit, son alambic éclata. Il mourut du coup, le pauvre docteur Pierre Garba, pour avoir respiré la vapeur de son élixir de longue vie !

— Ah ! l’honnête Italien ! s’écria-t-on à la ronde.

— Oui, dit frère Passepoil avec simplicité, je l’ai bien regretté, pour ma part ; mais voici la fin de l’histoire. Nevers fut dix-huit mois hors de France. Quand il revint à la cour, ce ne fut qu’un cri : Nevers avait rajeuni de dix ans ! Nevers était fort, alerte, infatigable !… Bref, vous savez tous qu’après le beau Lagardère, Nevers est aujourd’hui la première épée du monde entier !

Frère Passepoil se tut, après avoir pris une attitude modeste, et Cocardasse conclut :

— Si bien que M. de Gonzague s’est cru obligé de prendre huit prévôts d’armes pour avoir raison de lui seul… A pa pur !