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LE BOSSU.

Les affaires du royaume se réglaient là, chaque jour, un peu à la diable, après le dîner. Le régent dînait tard ; l’opéra commençait de bonne heure, on n’avait vraiment pas le temps.

Quand Lagardère entra, il y avait là beaucoup de monde ; cela ressemblait à un tribunal.

MM. de Lamoignon, de Tresmes et de Machault se tenaient à côté du régent, qui était assis. Les ducs de Saint-Simon, de Luxembourg et d’Harcourt étaient auprès de la cheminée. Il y avait des gardes aux portes, et Bonnivet, le triomphateur, essuyait la sueur de son front, devant une glace.

— Nous avons eu du mal, disait-il à demi-voix ; mais, enfin, nous le tenons !… Ah ! le diable d’homme !

— A-t-il fait beaucoup de résistance ? demanda Machault, le lieutenant de police.

— Si je n’avais pas été là, répondit Bonnivet, Dieu sait ce qui serait arrivé !

Dans les embrasures pleines, vous eussiez reconnu le vieux Villeroy, le cardinal de Bissy, Voyer d’Argenson, Leblanc, etc. Quelques-uns des affidés de Gonzague avaient pu se faire jour : Navailles, Choisy, Nocé, Gironne et le gros Oriol, masqué entièrement par son confrère Taranne.

Chaverny causait avec M. de Brissac, qui