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LE BOSSU.

temps, et les rapières tiennent mieux dans le fourreau… La grâce de M. de Lagardère sera enregistrée demain, et voici le sauf-conduit.

Le bossu avança la main. Le régent ne lâcha point encore l’acte.

— Vous préviendrez M. de Lagardère que toute violence de sa part rompra l’effet de ce parchemin.

— Le temps de la violence est passé, prononça le bossu avec une sorte de solennité.

— Qu’entendez-vous par là, monsieur ?

— J’entends que le chevalier de Lagardère n’aurait pu accepter cette clause, il y a deux jours.

— Parce que ?… fit le duc d’Orléans avec défiance et hauteur.

— Parce que son serment le lui eût interdit.

— Il avait donc juré autre chose que de servir de père à l’enfant ?

— Il avait juré de venger Nevers…

Le bossu s’interrompit court.

— Achevez, monsieur ! ordonna le régent.

— Le chevalier de Lagardère, répondit le bossu lentement, — au moment où il emportait la petite fille, avait dit aux assassins : — Vous mourrez tous de ma main ! Ils étaient neuf. Le chevalier en avait reconnu sept… ceux-là sont morts…