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LE BOSSU.

— Écoute… la noblesse peut s’acheter… demande à Oriol.

— Je ne veux point de la noblesse qui s’achète.

— Demande à Oriol aussi ce que pèse un nom.

Ésope II montra sa bosse d’un geste cynique :

— Un nom pèse-t-il autant que cela ?…

Puis il reprit d’un accent plus sérieux :

— Un nom… une bosse… deux fardeaux qui n’écrasent que les pauvres d’esprit… je suis un trop petit personnage pour être comparé à un financier d’importance comme M. Oriol… si son nom l’écrase, tant pis pour lui !… ma bosse ne me gêne pas… le maréchal de Luxembourg est bossu : l’ennemi a-t-il vu son dos à la bataille de Neerwinden ? le héros des comédies napolitaines, l’homme invincible à qui personne ne résiste, Pulcinella est bossu par derrière et par devant… Tyrtée était boiteux et bossu… bossu et boiteux était Vulcain, le forgeron de la foudre… Ésope, dont vous me donnez le nom glorieux, avait sa bosse qui était la sagesse… La bosse du géant Atlas était le monde… Sans placer la mienne au même niveau que toutes ces illustres bosses, je dis qu’elle vaut, au cours du jour, cinquante mille écus de rente… Que serais-je sans elle ? J’y tiens. Elle est d’or !

— Il y a du moins de l’esprit dedans, l’ami, dit