— J’ai peur, ici, quand je suis toute seule, balbutia Aurore ; — ces valets, ces servantes… tout me fait peur…
— Tu n’as rien à craindre, répondit dona Cruz ; — ces valets, ces servantes savent que je t’aime… ils croient que mon pouvoir est grand sur l’esprit de Gonzague…
Elle s’interrompit et parut réfléchir.
— Il y a des instants où je le crois moi-même, poursuivit-elle ; — l’idée me vient parfois que Gonzague a besoin de moi…
À l’étage supérieur le bruit redoublait.
Dona Cruz se leva et reprit le verre de champagne qu’elle avait déposé sur la table.
— Conseille-moi… Guide-moi ! dit Aurore.
— Rien n’est perdu s’il a vraiment besoin de moi ! s’écria dona Cruz. Il faut gagner du temps…
— Mais ce mariage… je préférerais mille fois la mort !
— Il est toujours temps de mourir, chère petite sœur !
Comme elle faisait un mouvement pour se retirer, Aurore la retint par sa robe.
— Vas-tu donc m’abandonner tout de suite ? dit-elle.
— Ne les entends-tu pas ?… ils m’appel-