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LE BOSSU.

visage inondé de sueur, ses cheveux et ses habits étaient en désordre.

Derrière lui accourait le maréchal de Tessé, suivi de trente gardes du corps chargés de veiller sur la personne du czar.

— Sire ! sire ! s’écrièrent en même temps le maréchal et Kourakine ; au nom de Dieu ! arrêtez !

Tout le monde se regarda.

Qui donc appelait-on sire ?

L’homme au sabre se retourna. Tessé se jeta entre lui et la victime. Mais il ne le toucha point et mit chapeau bas.

On comprit que ce grand gaillard en habit de bouracan était l’empereur de Russie.

Celui-ci fronça le sourcil légèrement :

— Que me voulez-vous ? demanda-t-il à Tessé ; je fais justice.

Kourakine lui glissa quelques mots à l’oreille. Il lâcha aussitôt Peyrolles et se prit à sourire en rougissant un peu.

— Tu as raison, dit-il, je ne suis pas chez moi… c’est un oubli.

Il salua de la main la foule stupéfaite avec une grâce altière qui, ma foi, lui allait fort bien, et sortit de la tente, entouré des gardes du corps.