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LE BOSSU.

Comme le duc d’Orléans gardait le silence, il reprit avec cette dignité calme qu’il savait si bien feindre à l’occasion :

— Que monseigneur m’interroge, je lui répondrai comme à mon juge.

Le régent se recueillit un instant et dit :

— Vous avez assisté à ce drame sanglant qui eut lieu dans les fossés de Caylus ?

— Oui, monseigneur, repartit Gonzague ; — j’ai défendu votre ami et le mien au risque de ma vie. C’était mon devoir.

— C’était votre devoir… et vous reçûtes son dernier soupir ?

— Avec ses dernières paroles… oui, monseigneur.

— Ce qu’il vous demanda, je désire le savoir.

— Mon intention n’était pas de le cacher à Votre Altesse Royale… notre malheureux ami me dit : je répète textuellement ses paroles : Sois l’époux de ma femme, afin d’être le père de ma fille !

La voix de Gonzague ne trembla pas tandis qu’il proférait ce mensonge impie.

Le régent était absorbé dans ses réflexions.

Sur son visage intelligent et pensif, la fatigue restait, mais les traces de l’ivresse s’étaient évanouies.