drame de la vie. Son âme contenait en germe tous les amours passionnés et jaloux.
La princesse venait de se rasseoir dans son fauteuil. Elle avait pris les pages du manuscrit d’Aurore. Elle les tournait et retournait en rêvant.
— Combien de fois, prononça-t-elle avec lenteur, lui a-t-il sauvé la vie ?…
Elle fit comme si elle allait parcourir le manuscrit. Mais elle s’arrêta aux premières pages.
— À quoi bon ?… murmura-t-elle d’un accent abattu ; moi je ne lui ai donné la vie qu’une fois. C’est vrai, c’est vrai, cela ! reprit-elle, tandis que son regard avait des éclats farouches ; elle est à lui bien plus qu’à moi !
— Mais vous êtes sa mère, madame !… fit doucement dona Cruz.
La princesse releva sur elle son regard inquiet et souffrant.
— Qu’entends-tu par là ? demanda-t-elle ; tu veux me consoler ?… C’est un devoir, n’est-ce pas, que d’aimer sa mère ?… si ma fille m’aimait par devoir, je sens bien que je mourrais !
— Madame ! madame ! relisez donc les passages où elle parle de vous… que de tendresse !… que de respectueux amour…