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LE BOSSU.

Madame de Gonzague lui souriait et la résignation donnait à son visage une beauté sublime.

— Sais-tu, fit-elle, la première fois que je te vis, Flor, je fus bien étonnée de ne pas sentir mon cœur s’élancer vers toi… Tu es belle pourtant… tu as le type espagnol que je pensais retrouver chez ma fille… mais regarde ce front… regarde !

Elle écarta doucement les masses de cheveux qui cachaient à demi le visage d’Aurore.

— Tu n’as pas cela, reprit-elle en touchant les tempes de la jeune fille ; cela, c’est Nevers… quand je l’ai vue et que cet homme m’a dit : Voilà votre fille, mon cœur n’a plus hésité… il me semblait que la voix de Nevers, descendant du ciel tout à coup, disait comme lui : C’est ta fille !…

Ses yeux avides parcouraient les traits d’Aurore. Elle poursuivit :

— Quand Nevers dormait, ses paupières retombaient ainsi… et j’ai vu souvent cette ligne autour de ses lèvres… Il y a quelque chose de plus semblable encore dans le sourire… Nevers était tout jeune et on lui reprochait d’avoir une beauté un peu efféminée… mais ce qui me frappa surtout, ce fut le regard… Oh ! que c’est bien