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LE BOSSU.

— Le connaissons-nous ? firent Chaverny et Navailles.

Le bossu semblait subir l’excitation de sa propre parole. Ce fut d’une voix saccadée qu’il poursuivit :

— Si vous le connaissez ?… Qu’importe !… qu’êtes-vous ?… que pouvez-vous ?… Le nom de l’assassin vous épouvanterait comme un coup de tonnerre… Mais là-haut, sur la première marche du trône, un homme est assis… Tout à l’heure, la voix est tombée des nuages… « Altesse ! l’assassin est là !… » et le vengeur a tressailli… « Altesse, dans cette foule dorée, l’assassin !… » et le vengeur a ouvert les yeux, regardant la foule qui passait sous sa fenêtre… « Altesse ! hier à votre table, à votre table demain, l’assassin s’asseyait, l’assassin s’assoira ! » et le vengeur repassait dans sa mémoire la liste de ses convives… « Altesse ! chaque jour, le matin et le soir, l’assassin vous tend sa main sanglante… » et le vengeur s’est levé en disant : « Par le Dieu vivant, justice sera faite ! »

On vit une chose étrange. Tous ceux qui étaient là, les plus grands et les plus nobles, se jetèrent des regards de défiance.

— Voilà pourquoi, messieurs, ajouta le bossu d’un ton leste et tranchant, le régent de France