Page:Féval - Le Bossu (1857) vol 4-6.djvu/641

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
195
LE BOSSU.

n’était bruit à la cour que de la faveur du prince, parvenue à son apogée. Ce n’était pas le moment de tourner le dos au soleil.

D’autres rumeurs, il est vrai, se glissaient. La rue Quincampoix et la Maison d’or s’étaient énormément occupées aujourd’hui de M. de Gonzague. On disait que des rapports avaient été remis à Son Altesse Royale, et que, durant cette nuit d’orgie qui avait fini dans le sang, les murailles du pavillon avait été de verre.

Mais un fait dominait tout cela. La chambre ardente avait rendu son arrêt. Le chevalier Henri de Lagardère était condamné à mort.

Personne, parmi ces messieurs, n’était sans connaître un peu l’histoire du passé. Il fallait que ce Gonzague fût bien puissant !…

Choisy avait apporté une étrange nouvelle. Ce matin même, le marquis de Chaverny avait été arrêté en son hôtel, et placé dans un carrosse escorté par un exempt et des gardes : voyage connu qui vous faisait arriver à la Bastille, au moyen d’un passe-port nommé lettre de cachet.

On n’avait pas beaucoup parlé de Chaverny, parce que chacun était là pour soi. D’ailleurs, chacun se défiait de son voisin.

Mais le sentiment général ne pouvait être méconnu : c’était une fatigue découragée et un grand