— Moi, je le sais… ou du moins je le devine… Il a dit au régent : L’assassin de Nevers existe…
— Chut ! fit involontairement M. de Peyrolles qui tressaillit violemment de la tête aux pieds.
— Il a bien fait, poursuivit Gonzague sans s’émouvoir ; l’assassin de Nevers existe… quel intérêt ai-je à le cacher, moi, le mari de la veuve de Nevers, moi, le juge naturel, moi, le légitime vengeur !… l’assassin de Nevers existe ! je voudrais que la cour tout entière fût là pour m’entendre !…
Peyrolles suait à grosses gouttes.
— Et puisqu’il existe, continua Gonzague, palsambleu ! nous le trouverons !
Il s’arrêta pour regarder son factotum en face.
Celui-ci tremblait, et des tics nerveux agitaient sa face.
— As-tu compris ? fit Gonzague.
— Je comprends que c’est jouer avec le feu, monseigneur…
— Voilà l’idée du bossu, reprit le prince en baissant la voix tout à coup : elle est bonne, sur ma parole !… Seulement, pourquoi l’a-t-il eue et de quel droit se mêle-t-il d’être plus avisé que nous ?… Nous éclaircirons cela… Ceux qui ont tant d’esprit sont voués à une mort précoce…