PROLOGUE
LES TROIS HOMMES ROUGES
CHAPITRE PREMIER
LA JUDENGASSE.
L’hôtel des postes de Francfort-sur-le-Mein venait d’ouvrir ses portes au public. La Zeil commençait à s’encombrer d’industriels de toute sorte : les courtiers de la bourse y coudoyaient les colporteurs de nouvelles ; les commis alertes luttaient de vitesse avec les garçons de bureau ; les chasseurs en grande livrée poussaient les valets du petit commerce et ne cédaient la place qu’aux messagers diplomatiques, reconnaissables à leurs portefeuilles blasonnés.
C’était un mouvement continuel et bruyant. Quelques femmes se glissaient parmi les heiduques ; les Anglais touristes croassaient leur excentrique baragouin ; les trompettes des postillons cornaient de téméraires fanfares, les courriers jouaient du fouet pour avertir la foule, qui ouvrait un large passage au galop de leurs chevaux du Mecklembourg.