Page:Féval - Le Fils du diable - Tomes 1-2.djvu/184

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Il arriva enfin à la dernière baraque qui fait le coin de la place de la Rotonde.

Autant les autres échoppes étaient vivantes et encombrées d’acheteurs, autant celle-ci se présentait morne et silencieuse. Il y avait pour toute marchandise quatre ou cinq haillons de toile suspendus à la devanture. Dans l’intérieur, il n’y avait qu’une demi-douzaine de tréteaux, servant jadis, sans doute à étaler les nappes absentes.

Dans un coin, une femme affaissée sur elle-même et chargée de vieillesse, était assise et immobile. Non loin d’elle, une autre femme, qui paraissait avoir trente-cinq à quarante ans, et qui gardait une belle taille sous ses misérables vêtements, avait sa tête entre ses mains.

Au milieu de l’échoppe, un garçon d’une quinzaine d’années, maigre, grêle, mal bâti, et à peine couvert par un sarreau de toile en lambeaux, se tenait à cheval sur l’un des bancs et chantonnait d’une voix monotone.

— Voulez-vous m’acheter des habits ? dit Frantz en s’arrêtant sur le seuil de l’échoppe.

La vieille femme demeura immobile, mais jeta sur lui un regard où le désespoir était peint.

L’autre femme releva vivement la tête. Son visage, qui gardait les traces d’une grande beauté, était rougi de larmes.

Le garçon à cheval sur le banc éclata en un rire haletant et idiot…