Page:Féval - Le Fils du diable - Tomes 1-2.djvu/40

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Au cri d’agonie poussé par le malheureux vicomte, un cri d’horreur répondit sur la gauche, derrière les grands troncs des mélèzes.

Regnault n’eut pas le temps de se réjouir.

Dans le mouvement qu’il fit pour tourner la bride, les collets relevés de son manteau se rabattirent. La lune sortait à ce moment de sa prison de nuages. La bouche homicide de la Hœlle se montra béante, et la pâle figure du meurtrier apparut presque aussi distinctement qu’à la clarté du jour.

Regnault joua de l’éperon et releva précipitamment les collets de son manteau ; — mais deux yeux étaient ouverts à l’ombre d’un tronc d’arbre voisin et l’avaient reconnu…

Tandis que Regnault s’enfuyait au grand galop, la livrée rouge de Fritz, le courrier de Bluthaupt, qui, lui aussi, revenait de Francfort, sortit peu à peu de l’ombre.

Fritz s’avança doucement jusqu’au bord du précipice, et se coucha sur le gazon pour prêter l’oreille. — Le gouffre ne rendit aucun son.

Fritz se mit à genoux et récita la prière des morts.