mait depuis son enfance. — Ce fut là une noce bien gaie, Gertraud, et qui ne ressembla point à celle dont vous venez de me parler… Moi aussi, j’étais un enfant lorsque je vis ces fiançailles, mais j’en ai encore de la joie dans le cœur !
» Qu’ils étaient beaux tous deux et qu’ils s’aimaient ! »
Hans s’interrompit brusquement ; on venait de frapper à la grille.
Le vieux comte ouvrit à demi les yeux, et prononça quelques paroles confuses.
— Les voilà, dit Van-Praët.
Zachœus Nesmer se leva et se dirigea vers l’une des embrasures pour regarder au dehors.
Hans et Gertraud avaient déjà l’œil collé aux vitraux.
La grille s’ouvrit et donna passage à un cavalier couvert d’une houppelande de toile cirée ; ce cavalier était seul.
Zachœus attendit que la grille fût refermée, et revint vers ses compagnons, qui l’interrogèrent du regard.
— Ce n’est que Mosès, dit-il en se rasseyant.
Mira et le gros Hollandais firent un signe de désappointement.
— Toujours de nouvelles figures d’aventuriers ou de trafiquants ! murmura le page qui rapprocha du sien le tabouret de la jolie suivante. — Des gens pareils devraient-ils entourer le chef de la maison de Bluthaupt ?… Aussi vrai que je vous aime, Gertraud, il se passe dans ce château quelque chose d’extraordinaire et de menaçant !
Les fraîches couleurs de la jeune fille pâlirent.
— Vous me faites peur, ami, murmura-t-elle, — et cependant je ne puis dire autrement que vous… Je ne sais quel pressentiment mortel me serre le cœur… La soirée commence à peine et je voudrais voir le jour déjà !
— Si cette nuit doit être la dernière pour quelqu’un de nous, répliqua le page en faisant le signe de croix, — que Dieu prenne en pitié son âme !
Gertraud se serra contre lui toute tremblante.
Hans entoura de ses bras la ronde taille de l’enfant, et l’attira sur son cœur.