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CHAPITRE V.

BONNET-VERT ET BLAIREAU.

— Qu’en dis-tu, toi, Blaireau ? demanda Mâlou après un assez long silence. — Ça me paraît bien vif ce que propose le papa Johann.

— C’est vrai qu’on n’aura pas beaucoup le temps de se retourner…

— Voyons !

— Dis ce que tu penses, toi, répliqua le prudent Blaireau.

— Dame !…

— Le fait est…

— Je crois que si on nous lâchait mille écus à chacun…

Johann fit un brusque haut-le-corps.

Le chevalier, qui commençait à se retrouver lui-même, remarqua ce mouvement et le prit pour une protestation énergique contre l’exigence des deux compagnons ; — s’il avait relevé sa paupière, il aurait vu l’œil de Johann cligner à la dérobée, en regardant tour à tour Mâlou et Pitois.

Si bien qu’au lieu de faire le marché meilleur, ce dernier se montra moins facile.

— Trois mille points (francs) ! s’écria-t-il. — Est-ce qu’il nous prend pour des Danois, le papa Girafe ?… Trois mille points pour un voyage de long-cours, chez des sauvages !… ça ne serait pas payé… Il en faut au moins quatre mille.