Page:Féval - Le Fils du diable - Tomes 1-2.djvu/676

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faire leur besogne en conscience. Ils portèrent Reinhold tout le long de l’allée noire, et ne l’abandonnèrent que sur la place de la Rotonde.

— Bonsoir, bourgeois ! dit Màlou ; — une autre fois, vous nous donnerez pour boire.

— Brigands que vous êtes ! murmura Johann à l’oreille de Pitois, — je parie que vous avez fait votre main…

— Rien que le portefeuille, répondit Pitois.

— J’ai ma part ?

— On verra.

Johann revint vers le chevalier et lui offrit son bras, dont le pauvre homme avait grand besoin…

— Attention à Fritz ! cria de loin le marchand de vins aux deux parfaits amis qui étaient dans la cour des Quatre Fils.

Ils rentrèrent au cabaret et déposèrent le courrier sous le billard, où il poursuivit paisiblement son somme.

Ensuite, ils s’établirent devant leur bouteille de rhum, afin de dresser l’inventaire du portefeuille.

— Bonne soirée ! dit Blaireau en caressant trois ou quatre billets de la banque de France.

— Et de l’ouvrage ! s’écria Màlou. Moi, je suis content de travailler en Allemagne.

— Avec ça que le Bausse est une personne qui ne nous fera pas banqueroute, bien sûr !…

Johann avait nommé le chevalier aux deux bandits, afin de leur donner confiance tout de suite, et d’abréger les préliminaires.

Ils trinquèrent deux ou trois fois coup sur coup.

— Blaireau, dit Mâlou, as-tu idée de ce que peut être ce petit bonhomme à qui nous aurons à faire là-bas ?

— Quelque blanc-bec qui serre de trop près la femme du Bausse, répondit Blaireau.

— Il n’est pas marié.

— Sa maîtresse…

— Possible… mais je crois plutôt que c’est une affaire d’argent… la