Page:Féval - Le Fils du diable - Tomes 1-2.djvu/748

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Pauvre monsieur Franz ! dit Gertraud, quinze jours d’absence !

Franz ne comprenait pas.

Gertraud disposait les plis de la collerette avec cette coquetterie de l’auteur qui lit lui-même son œuvre.

— Je viens d’apprendre que les invitations vont être lancées, poursuivit Denise. Le départ suivra, dit-on, de près l’invitation.

— Et vous êtes absolument forcée d’aller à cette fête ? demanda Franz.

— Ma mère compte les jours depuis un mois, répondit la jeune fille ; nous avons accepté d’avance et tous nos préparatifs sont faits.

— On dit que ce sera si beau ! murmura Gertraud, dont l’accent trahissait un peu d’envie.

— Que je t’y céderais ma place volontiers ! répliqua Denise. Ce seront des jours pénibles et je n’y puis pas penser sans frayeur… Vous n’aurez pas le temps d’ici-là, Franz, de recevoir ces bonnes nouvelles qui vous donneraient accès auprès de ma mère… elle va partir avec toute son envie de me voir mariée au chevalier de Reinhold… et, là-bas, au milieu de cette famille de Geldberg…

Franz avait baissé la tête ; il la releva vivement.

— La fête serait-elle au château de Geldberg ? dit-il.

— Oui, répliqua Denise, et comme vous le devinez, je serai circonvenue, obsédée. Si encore c’était à Paris, Franz, si je pouvais vous entrevoir quelquefois, cela me donnerait de courage… mais je serai seule !

— Non, interrompit Franz d’un ton délibéré, ce sera mieux qu’à Paris, et vous me verrez tant que vous voudrez… Je compte vous suivre au château de Geldberg.

Gertraud le regarda en dessous.

— Quelle folie ! dit mademoiselle d’Audemer, dans votre position vis-à-vis des Geldberg, vous ne pouvez être invité.

Franz rougit. Il pensait à Sara.

— Je serai invité, pourtant, répliqua-t-il, et je vous donne ma parole que vous me verrez à la fête.

— Il le fera comme il le dit, Mademoiselle ! s’écria Gertraud d’un ton