Page:Féval - Le Fils du diable - Tomes 1-2.djvu/786

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— Mais, mon bon monsieur Goëtz !…

Le baron tira sa bourse, et compta vingt-cinq pièces d’or sur la chaise qui faisait office de table de nuit.

Au moral comme au physique, Verdier était dans un état de faiblesse extrême ; il lorgna la somme d’un œil de convoitise.

— Je vous jure sur l’honneur, reprit le baron, que je ne ferai jamais usage de cet écrit contre vous.

— C’est que, balbutiait Verdier, qui hésitait encore ; c’est que…

— Finissons !… Reinhold, qui vous a traité d’une manière infâme, sera puni…

— Oh ! le coquin ! grommela Verdier.

— Ces vingt-cinq louis sont à vous…

— J’en ai grand besoin, Dieu le sait !

— Si vous ne voulez pas, je remporte mon argent ; votre vengeance vous échappe, et je vous fais arrêter comme faussaire.

À l’appui de cette dernière menace, M. le baron de Rodach tira de son portefeuille quatre ou cinq bons de la caisse Laffitte, manifestement contrefaits, et portant au des le nom de J.-B. Verdier.

Le blessé voulut réfléchir encore, mais sa tête affaiblie se perdait ; il fit un geste de fatigue et signa l’étrange quittance.

Puis il se laissa choir tout de son long et s’assoupit.

Rodach remit son portefeuille dans sa poche. Une fois au bas des cinq étages de Verdier, il se fit conduire chez un médecin qu’il dépêcha auprès du malade.

La quittance, soigneusement serrée, était destinée à grossir le contenu de la cassette, confiée au dévouement loyal de Hans Dorn.

C’était au sortir de la rue Pierre-Lescot que M. de Rodach avait gagné la demeure du jeune Franz. Au lieu de Hans qu’il croyait rencontrer là, il avait reconnu Sara au travers des vitres de la loge.

La vue de madame de Laurens avait fait surgir en lui tout un ordre d’idées ; c’était là un danger nouveau peut-être, et peut-être une arme nouvelle.

Il fallait savoir…

Son cocher avait reçu l’ordre de suivre le coupé de Petite…