Page:Féval - Le Fils du diable - Tomes 3-4.djvu/220

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— Les voilà ! les voilà !

— Les trois Hommes Rouges !!!

Sara, Reinhold et le docteur étaient maintenant en arrière, et seuls à peu près dans l’enceinte, avec Van-Praët et le Madgyar.

Leurs regards cessèrent enfin de se fixer sur Franz pour chercher la cause de l’agitation générale.

Sara, la première, poussa un cri contenu et leva sa main étendue vers l’endroit où était braqué le mortier. Mira et Reinhold demeurèrent bouche béante et comme frappés de stupeur.

L’averse de feu continuait de ruisseler du haut des murailles et faisait à ce lieu central comme un cadre de lumière ardente.

Au milieu de ce cercle flamboyant et sur lequel l’œil ne pouvait se fixer sans être ébloui, trois hommes de grande taille exactement semblables entre eux et drapés dans de longs manteaux écarlates, se tenaient debout sur une saillie du roc.

Ils dressaient, immobiles, leurs tailles fières et uniformes, auxquelles l’immense brasier, sans cesse en mouvement, donnait des proportions surnaturelles.

Ils semblaient regarder tous les trois l’enceinte réservée, et il y avait dans leurs poses comme une hautaine menace.

La foule, cependant, murmurante et agitée, continuait de prononcer le nom des trois Hommes Rouges ; parmi les invités de Geldberg, quelques-uns essayaient le rôle d’esprits forts et disaient que cette apparition, préparée, faisait partie du feu d’artifice.

Mais le plus grand nombre frémissait d’une terreur involontaire, qui allait croissant toujours.

La pluie de feu cessa ; il y eut un entr’acte de quelques secondes. La forêt, la vaste lande, les taillis et le château rentrèrent pour un instant dans l’ombre.

Durant ces quelques secondes, bien des paroles furent échangées à demi-voix, qui, toutes, avaient trait aux trois Hommes Rouges.

Et tous les yeux se fixaient, tendus et curieux, vers l’endroit où ils allaient reparaître, aux lueurs de la première fusée.

Le feu se ralluma, jetant comme une énorme parure de diamants