Puis elle ajouta en s’adressant au Madgyar :
— Ce que nous allons faire est au-dessous de votre vaillance, seigneur Yanos ; restez ici… vous ne m’attendrez pas longtemps !
Elle s’engagea dans l’escalier, sur les pas des deux, voleurs du Temple. Mira, Van-Praët et Reinhold avaient l’air de ne trop savoir s’ils devaient demeurer ou la suivre. Elle se tourna vers eux et dit :
— Je n’ai pas besoin de vous… Pendant que je travaillerai là-haut, procurez-vous des armes.
Sur son ordre, Mâlou et Pitois s’arrêtèrent dans l’escalier de la tour, à l’étage qui précédait immédiatement le laboratoire du vieux Gunther. Petite n’improvisait point ce qu’elle faisait en ce moment. Il y avait plus de deux heures qu’elle avait quitté le lieu du rendez-vous assigné la veille à Franz. Elle avait eu le temps de réfléchir et de se préparer. Cet étage était habité par quelque hôte de Geldberg, qui suivait probablement la chasse maintenant ; Petite s’était munie de la clef. Elle ouvrit la porte, et fit entrer ses deux compagnons.
— Vous êtes des gens dévoués ? dit-elle en parcourant la chambre d’un rapide regard.
— Je crois bien ! répliqua Mâlou.
— Avez-vous vu, reprit madame de Laurens, quand vous êtes rentrés au château, cette lumière qui brille au sommet de la Tour-du-Guet ?
— Parbleu ! répondit Pitois ; il y a sur l’esplanade une vingtaine de gobe-mouches à radoter qu’il y a là-haut un vieux magicien qui fait ses manières… On n’entend personne pourtant !
Sara prêta l’oreille durant quelques secondes.
— On n’entend rien, dit-elle ; c’est vrai… mais il y a quelqu’un, j’en suis sûre, il y a même plusieurs personnes peut-être, et ce sont des gens qui nous gênent.
— Connu !… fit Mâlou ; mais on dit qu’il ne ferait pas bon de forcer la porte…
— Voyons, dit Petite, je ne voudrais pas vous exposer au moindre danger, mes braves garçons… mais ne pourrait-on pas tourner la difficulté ?… si le feu prenait dans cette chambre, par exemple !…