Hervé de Vaunoy conduisit lui-même le capitaine jusqu’à la porte de sa chambre à coucher, et lui souhaita la bonne nuit. Jude était debout encore. Il arpentait la chambre à pas lents, plongé dans de profondes méditations.
— Eh bien ! lui dit son maître, es-tu content de moi ? T’ai-je épargné les regards indiscrets ?
— Monsieur, je vous remercie, répondit Jude.
— As-tu appris quelque chose ?
— Rien sur l’enfant, et c’est d’un triste augure !… Mais je sais que dame Goton, qui fut la nourrice du petit monsieur, est maintenant femme de charge au château.
— Elle te donnera des nouvelles.
— Je sais aussi que j’aurai de la peine à me cacher longtemps, car j’ai vu la figure d’un ennemi : Alain, l’ancien maître d’hôtel de Treml.
— Je t’en offre autant, mon garçon ; j’ai aperçu le visage d’un drôle qui fut le valet de M. de Toulouse, gouverneur de Bretagne, mon noble protecteur, et que je soupçonne fort de n’avoir point été étranger à certaine alerte nocturne qui me valut l’an dernier un coup d’épée… Mais nous débrouillerons tout cela. En attendant, dormons.
— Dormez, répondit Jude.
Le capitaine se jeta sur son lit. Jude continua de veiller.