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CHAPITRE IX.

TOILETTE DE PETITE.

À l’heure où le cabaretier Johann rassemblait son armée et la conduisit jusqu’à la cour des messageries, il ne faisait pas jour encore chez madame de Laurens. Elle était rentrée fort tard la nuit précédente, et ce sommeil prolongé réparait la double fatigue du bal Favard et de la maison de jeu de la rue des Prouvaires.

La pendule avait sonné midi depuis longtemps, mais la soie épaisse qui tombait le long des fenêtres faisait obstacle, aux rayons pâles du soleil et continuait le crépuscule par-delà le milieu du jour.

Il régnait dans la chambre un silence complet, qui n’était même pas troublé par cet inévitable roulement des voitures, courant sans cesse sur le pavé de Paris. L’agent de change de Laurens avait fait poser devant son hôtel un essai de pavage en bois, afin de protéger le repos de Sara.

C’était là une attention d’autant plus efficace, que la charmante femme faisait sa nuit, d’ordinaire, aux heures où la rue éveillée, s’emplit de mouvement et de fracas.

Les portes étaient closes ; il n’y avait personne dans la chambre ; mais un feu doux, qui brûlait dans la cheminée, disait que des soins attentifs veillaient sur le sommeil de Sara.