Page:Féval - Le Fils du diable - Tomes 3-4.djvu/85

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La portière remit ses lunettes, pour les ôter de nouveau avec déférence.

— C’est joli ! reprit-elle, en faisant du regard le tour de la chambre, c’est joli ! joli ! joli !… Ah ! dame, c’est joli !… Tout de même, ça doit sembler drôle à Monsieur de se voir là-dedans après avoir été…

La concierge n’acheva pas ; son instinct diplomatique l’avertissait que la phrase était éminemment périlleuse.

— Là-haut, à la mansarde ? demanda Franz en souriant.

La portière déplia un vaste mouchoir de coton à carreaux rouges et bleus, et se moucha bruyamment pour cacher son trouble.

— Ah ! c’est joli ! joli ! reprit-elle ensuite, ça fait honneur à une maison d’avoir un premier meublé comme ça… et des équipages qui s’arrêtent à la porte maintenant !

Elle s’interrompit brusquement pour s’écrier :

— Que je suis bête !… je l’avais oublié l’équipage !… et cette dame qui attend ?…

— Quelle dame ? dit Franz vivement.

Les petits yeux de la portière se prirent à cligner d’une façon agréable.

— Une jolie dame, répliqua-t-elle, qui veut absolument parler à Monsieur.

— Faites-la monter.

Autrefois, quand Franz était là-haut, on lui avait déclaré qu’on ne recevait point de femmes dans la maison, mais cette austérité de concierge ne regardait que la mansarde ; la vertu, à Paris, n’est de rigueur que pour les petits loyers.

Au premier étage, on aime assez les mœurs-régence ; d’une part ça fait aller le commerce, de l’autre on ne peut pas dire à un homme qui paye deux mille écus par an de ces vérités qu’on prodigue aux locataires de cent cinquante francs.

Les convenances s’y opposent.

— Je pensais bien que Monsieur recevrait, poursuivit la portière en donnant à ses clignements d’yeux une portée manifestement égrillarde, mais pourtant je n’ai pas voulu me permettre…

— Faites monter, répéta Franz.