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Page:Féval - Le Jeu de la Mort, volume 1 - 1850.djvu/34

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LE JEU DE LA MORT.

Plus d’une fille de Vesvron avait pensé à lui ; et pourtant il avait raison de trembler en suivant le regard qu’Olivette jetait au beau dormeur.

Olivette avait la prétention d’être un peu plus qu’une paysanne, et par le fait son frais minois ne ressemblait guère aux faces larges et hâlées de ses compagnes. Elle portait d’ailleurs des robes d’indienne l’été, des robes de mérinos lisse l’hiver, ce qui la mettait tout à fait au-dessus du commun.

Pour une personne distinguée comme l’était Olivette, Yaume était peut-être un peu bas placé sur les degrés de l’échelle sociale. Olivette aurait pu demander que son futur portât au moins la livrée.

Mais sa fantaisie n’allait point de ce côté-là. Le valet de chambre de Jean Créhu, lequel avait un vieil habit gris à galons pelés, pour les jours où l’on allait à Vitré, ne séduisait en aucune façon la jolie fille. L’heureux mortel qui donnait de petits battements à son cœur, ― nous disons petits, parce que le cœur d’Olivette ne battait qu’à bon escient et pas beaucoup, — cet heureux mortel n’avait ni galons rouges ni chapeau bordé.

C’était Tiennet, le beau Tiennet Blône, le