Page:Féval - Le Loup blanc, 1883.djvu/207

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là, dans la nuit de cette sombre loge, un homme qui savait son nom et qui lui disait :

— Je t’attendais !

Était-ce un ami ou un ennemi ? Et cette cabane inhospitalière, qui s’ouvrait pour lui seul, ne cachait-elle pas une embûche ?

Jude était brave jusqu’à la témérité ; mais il se devait à la volonté dernière de son maître : il avait frayeur de mourir avant d’avoir obéi.

Néanmoins, son hésitation ne fut point de longue durée. Un second regard jeté sur les traits angéliques de Fleur-des-Genêts chassa de son esprit toutes noires pensées. Où habitait cette enfant il ne pouvait y avoir trahison.

Jude entra dans la cabane. Ses yeux, habitués au grand jour, ne distinguèrent rien d’abord.

— Par ici, dit la voix.

Le bon écuyer tourna aussitôt ses regards de ce côté et aperçut dans l’ombre épaisse qui remplissait le fond de la loge deux points ronds et lumineux comme les yeux d’un chat sauvage. Il avança résolument ; une main saisit la sienne et l’attira vers un banc de bois.

Dans cette position, Jude se trouva assis, tournant le flanc au vif rayon de jour qui pénétrait par l’ouverture. Sa vue, qui s’accoutumait graduellement aux ténèbres, lui permit de distinguer la forme de la cabane et de son ameublement.

C’était une grande chambre carrée, sans fenêtres, ou dont les fenêtres étaient hermétiquement bouchées. Le plafond était si bas, que l’écuyer s’étonna de ne l’avoir point touché du front pendant qu’il était debout.