Page:Féval - Le Loup blanc, 1883.djvu/209

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me connais pas. Cette loge a été bâtie longtemps après le départ de Nicolas Treml. Mais ce n’est pas pour me parler de toi ou de moi que tu as quitté le château ?

— C’est vrai. Je suis venu vers vous…

— Tu as bien fait, interrompit Pelo Rouan, et tu fais toujours bien, Jude Leker, parce que ton cœur est fidèle et loyal. Quant au motif de ta visite point n’est besoin de me l’apprendre, je le sais.

— Vous le savez ! répéta Jude avec surprise.

— Je le sais. Tu viens me demander des nouvelles d’un malheureux idiot qu’on appelait Jean Blanc.

— Serait-il mort ? s’écria Jude.

— Non. Et tu veux savoir de ses nouvelles, afin d’apprendre de lui le sort de l’héritier de Treml.

— C’est vrai ! c’est encore vrai, murmura Jude dont l’honnête mais lourde nature était violemment secouée par le mystère de cette scène. Vous qui connaissez l’unique but de ma vie, qui êtes-vous, au nom de Dieu, répondez : qui êtes-vous ?

— Je suis le charbonnier Rouan, répondit Pelo avec simplicité : un pauvre homme dont la vie obscure fut cruellement éprouvée, un malheureux qui a quelques bienfaits à payer et bien des outrages à venger.

— Et savez-vous quelque chose du petit monsieur Georges ?

La voix de Pelo se fit profondément triste pendant qu’il répondait :

— Je ne sais rien, rien que ce que vous savez vous-même. Plût au ciel que le château de la Tremlays eût