Page:Féval - Le Loup blanc, 1883.djvu/25

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même, si tôt et si aisément reconnue. Sur un geste du vieux seigneur, il prit place sous le manteau de la cheminée.

L’entrevue fut courte et décisive.

— J’espère, monsieur de Vaunoy, dit Nicolas Treml, que vous êtes un vrai Breton !

— Oui, Saint-Dieu ! mon cousin, répondit Hervé, un vrai Breton, tout à fait !

— Déterminé à donner sa vie pour le bien de la province ?

— Sa vie et son sang, monsieur mon cousin de la Tremlays ! ses os et sa chair ! Détestant la France, Saint-Dieu ! abhorrant la France, monsieur mon digne parent ! prêt à dévorer la France d’un coup de dent, si elle n’avait qu’une bouchée !

— À la bonne heure ! s’écria Nicolas Treml enchanté. Touchez-là, Vaunoy, mon ami. Nous nous entendrons à merveille, et mon petit-fils Georges aura un père en cas de malheur.

Hervé fut installé le soir même au château de la Tremlays, et, depuis lors, il ne le quitta plus. Georges lui était spécialement confié, et nous devons reconnaître qu’il affectait en toute occasion, pour l’enfant, une tendresse extraordinaire.

Les choses restèrent ainsi durant dix-huit mois. M. de la Tremlays prenait Hervé en confiance. Il le regardait comme un excellent et loyal parent. Les commensaux du château faisaient comme le maître, et Vaunoy avait l’estime de tout le monde.

Il n’y avait que deux personnages auprès desquels Vaunoy n’avait point su trouver grâce : le premier