Page:Féval - Le Loup blanc, 1883.djvu/267

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ennemi aussi bien que le mien ; c’est le nouveau capitaine de la maréchaussée.

— Fût-il pis que cela, Hervé de Vaunoy, dit Toussaint d’un ton grave, mais non sans quelques regrets, n’espère pas l’aide de nos bras. Les Loups n’assassinent pas.

— Les Loups attaqueront la caisse ; les Loups prendront les cinq cent mille livres ; les Loups auront tout le profit. Moi, je ferai le reste.

Le vieux Toussaint secoua la tête d’un air de satisfaction non équivoque.

— Cela peut s’accepter, dit-il ; en conscience, cela peut s’accepter. Eh bien ! Yaumi, en sais-tu assez long ?

— Je pars, répondit ce dernier.

Il mit en effet son masque sur son visage et disparut dans l’ombre.

Vaunoy s’assit. On plaça devant lui un verre d’eau-de-vie qu’il toucha de ses lèvres.

— Deux heures ! pensait-il avec angoisse ; si cet homme vient, quel sera mon sort ?

Les Loups s’étaient remis à fumer et à boire, car ces pauvres gens, naguère artisans honnêtes et laborieux, une fois jetés violemment hors de leur voie, avaient pris, à peu de chose près, tous les vices qu’amène avec soi la fainéantise soutenue par la rapine.

Vaunoy, lui, comptait les minutes. De temps en temps, la voix du vieux Toussaint, qui demandait quelques explications sur le mode d’attaque, sur le moment du coup de main, etc., interrompait sa laborieuse rêverie. Ce fut heureux pour lui, car, si on ne l’eût point distrait de sa peur, sa peur l’aurait tué.