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Page:Féval - Le Loup blanc, 1883.djvu/307

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Son plan, pour être extrêmement simple, n’en était que plus adroit. Didier, assassiné pendant l’attaque, passerait naturellement pour avoir succombé en défendant les fonds du fisc qui étaient à sa garde. Les Loups seuls seraient, à coup sûr, accusés de ce meurtre, et lui, Vaunoy, arrivant le premier à Rennes pour porter cette nouvelle, ne serait pas le moins désolé de cette catastrophe qui enlevait ainsi, à la fleur de l’âge, un jeune officier de si grande espérance.

Il n’y avait pas jusqu’à l’intrépidité connue de Didier qui ne dût ajouter une probabilité nouvelle à la version du maître de la Tremlays.

Aussi ce dernier était-il parfaitement sûr de son fait. Sa seule inquiétude ou plutôt son seul désir était désormais de mettre une couple de lieues entre lui et ses récents amis les Loups dont il avait de fortes raisons de suspecter les intentions à son égard.

Après avoir fait pendant deux heures de vains efforts pour échapper à la surveillance de ces dangereux compagnons, il s’était enfin esquivé et gagnait à tâtons la porte de la cour pour trouver son cheval, lorsque maître Alain et lui se heurtèrent dans l’ombre.

Aux premiers mots du majordome, Vaunoy fut frappé comme d’un coup de massue. Didier vivait. Tout le reste était peine perdue.

— Comment ! misérables lâches ! s’écria Vaunoy en blasphémant, vous n’avez pas pu ! Je jure Dieu que ce coquin de Lapierre…

— Il est mort, interrompit Alain.

— Mort ? Mais ce démon de capitaine s’est donc éveillé ?