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Page:Féval - Le Loup blanc, 1883.djvu/309

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— Échappé ! murmura Vaunoy d’une voix étranglée.

Il arracha follement les draps du lit et les foula aux pieds dans sa fureur. Puis il s’élança, tête baissée, vers la porte.

Mais il ne passa point le seuil. Un bras de fer le saisit et le repoussa au-dedans avec une irrésistible vigueur. Vaunoy releva la tête et vit, debout devant lui, cet étrange personnage masqué de blanc qui fermait la marche des Loups dans la forêt, et dont le pauvre Jude avait admiré la merveilleuse souplesse.

Vaunoy voulut parler, le Loup blanc lui ferma la bouche d’un geste impérieux, et entra dans la chambre à pas lents.

— Toujours du sang là où tu passes, monsieur de Vaunoy, dit-il d’une voix basse et qui vibrait profondément.

Il prit le flambeau et examina successivement les trois cadavres.

Lorsqu’il reconnut Jude, un douloureux mouvement agita les muscles de son visage, sous la blanche fourrure qui le recouvrait.

— Il avait promis de le défendre, murmura-t-il ; c’était un Breton  !

Puis il ajouta d’un ton mélancolique :

— Il n’y a plus que moi pour servir Treml vivant, ou chérir le souvenir de Treml mort.

— L’ami ! dit à ce moment Vaunoy qui avait réussi à recouvrer quelque calme ; je vous ai donné ce soir cinq cent mille livres en beaux écus, c’est bien le moins que vous me laissiez vaquer à mes affaires. Livrez-moi passage, s’il vous plaît, mon compagnon.