Page:Féval - Le Loup blanc, 1883.djvu/41

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Ce jour-là, les serviteurs de Treml oublièrent de chanter les joyeux noëls à la veillée. Il y avait autour du château comme une atmosphère de malheur, et chacun pressentait un événement funeste.

M. Nicolas enfila au galop les sentiers tortueux de la forêt. Au lieu de suivre les routes tracées, il s’enfonçait comme à plaisir dans les plus épais fourrés.

À mesure qu’il avançait, l’aspect du paysage devenait plus sombre, la nature plus sauvage. De gigantesques ronces s’élançaient d’arbre en arbre comme les lianes des forêts vierges du Nouveau Monde.

Çà et là, au milieu de quelque clairière où croissaient la bruyère, l’ajonc et l’aride genêt, une misérable cabane fumait et animait le tableau d’une vie mélancolique.

Après une demi-lieue faite à franc étrier, le vieux gentilhomme fut obligé de ralentir sa course. La forêt devenait réellement impraticable. Il attacha son cheval au tronc d’un chêne près duquel paissait déjà la monture de son écuyer Jude, qui ne devait pas être loin, et se fraya un passage dans le taillis.

Quelques minutes après, il rejoignait son fidèle serviteur, qui l’attendait, assis sur le coffret de fer.