Page:Féval - Le Loup blanc, 1883.djvu/43

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hauteur considérable. La tête chauve du roc y perce à chaque pas entre les touffes de bruyères. De larges crevasses s’ouvrent çà et là, bordées d’ormeaux nains et de prunelliers au noir feuillage.

Au XVIIIe siècle, l’aspect de ce paysage était plus sombre encore qu’aujourd’hui. Le sommet de la rampe que nous venons de décrire portait deux tours de maçonnerie qui avaient dû servir autrefois de moulins à vent. Ces tours avaient leurs murailles lézardées et menaçaient ruine complète depuis longtemps. Tout à l’entour, l’herbe disparaissait sous les décombres.

À quelques pas, sur la droite, le sol se montrait tourmenté et gardait des traces d’antiques travaux. Çà et là on découvrait des tranchées profondes dont les lèvres, arrondies par le temps, avaient dû être coupées à pic autrefois et correspondre à quelques puits de carrière ou de mine. De l’autre côté de la montée, des pans de murailles annonçaient que des constructions considérables avaient existé en ce lieu.

Tous ces restes d’anciens édifices étaient de beaucoup antérieurs aux moulins à vent, qui pourtant eux aussi s’affaissaient de vieillesse. Pour remonter à leur origine et se rendre raison de leur destination évidemment industrielle, il eût fallu traverser le moyen-âge entier, et se guider peut-être jusqu’aux temps plus civilisés de la domination romaine.

Or, nous pouvons affirmer que, dans la forêt de Rennes, au commencement du XVIIIe siècle, le nombre des savants archéologues ou antiquaires était extraordinairement limité.

Précisément en face et au-dessous des moulins à vent