Page:Féval - Le Loup blanc, 1883.djvu/63

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La livrée du régent redoubla ses rires dédaigneux.

— Mon brave homme, s’écria-t-on, les gens de votre sorte ne sont point admis au château de Villers-Cotterets.

— C’est le paysan du Danube ! chuchota un valet de pied.

— C’est plutôt, répliqua un coureur, le Juif-Errant qui aura volé sur sa route un domestique et une haridelle !

— C’est don Quichotte !

— C’est M. de La Palisse !

Jude mit la main sur la garde de sa grande épée, mais son maître le retint d’un geste et tourna bride : l’insulte qui vient de trop bas s’arrête en chemin et n’est point entendue.

M. de la Tremlays fit halte dans une hôtellerie qui portait pour enseigne les armes de Bretagne. Sans prendre le temps de se débotter, il manda le maître et lui ordonna de trouver un guide qui pût le conduire sur l’heure à Villers-Cotterets.

L’étonnement de Jude était au comble. Sa curiosité, refoulée, l’étouffait. Enfin, n’y pouvant plus tenir, il prit la parole.

— Monsieur Nicolas, dit-il timidement, vous avez donc grand désir de voir ce Philippe d’Orléans ?

— Tu me le demandes ! s’écria Nicolas Treml avec énergie.

Cette réponse porta la surprise de Jude au-delà de toutes bornes.

— Que je meure ! murmura-t-il en se parlant à lui-