Page:Féval - Le Mari embaumé, 1866, tome 2.djvu/11

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

hommes à poignard, Montrésor et Saint-Ibal, les assassins du premier ministre.

Bien entendu que le bon duc César de Vendôme revint aussi et qu’il rapporta sa colique.

Mais il est deux vérités que nous n’avons besoin d’apprendre à personne. En France, les vogues durent peu, et le pouvoir suprême est un calmant héroïque qui modifie du jour au lendemain les idées des gouvernants.

Les revenants de la Bastille et de l’exil semblèrent aux Parisiens lamentablement démodés ; ils avaient vieilli et n’étaient plus persécutés.

La reine partagea cet avis. Elle trouva, en outre, que tous ces braves gens rapportaient avec eux des idées de l’autre monde.

On raconte que, dès le lendemain de la mort du roi, la reine dit en passant devant un portrait de Richelieu :

« Si cet homme-là vivait, il serait notre souverain conseil. »

Les Importants auraient dû méditer ce mot-là. Ils n’avaient pas le temps, occupés qu’ils étaient à triompher sur toute la ligne. L’évêque de Beauvais, leur chef, confesseur de la reine, annonçait ici et là qu’il allait rétablir l’âge d’or par décret, et ce bon duc César chuchotait entre deux tranchées que son coquin de fils, Beaufort, menait déjà Sa Majesté par le bout du nez.

Mazarin, le joli cardinal, ne disait rien. Il n’était rien, sinon la créature du grand ministre mort. L’opinion publique déclarait sa carrière brisée. Anne d’Autriche affectait pour lui de l’éloignement et du mépris.